L'universalité des croyances
Mélange des croyances au coin du feu, cette soirée reste gravé dans ma mémoire comme un moment harmonieux et inattendu, à la fois audacieux et d'une simplicité déconcertante.
RENCONTRE PEUPLE ABORIGENE AUSTRALIEN
En 2008, j'ai la chance de passer quelques temps dans la communauté aborigène de Djalu GURRIWIWI, péninsule de Gove au nord de l'Australie. Djalu est un vieux sage Yulngu reconnu et c'est surtout une figure emblématique de la musique traditionnelle aborigène notamment par sa maîtrise du didgeridoo. Sorte de chaman, il est également capable de soigner grâce à ce même instrument.
Un soir, alors que nous sommes rassemblés autour du feu de camp, après avoir passé la première partie de la soirée a danser au rythme des claping sticks et du didgeridoo, soudain Djalu entonne, debout devant le feu, un récit dans sa langue natale, le Yulngu.
Sa voix est gutturale, grave...le silence se fait tout d'un coup autour du feu. Puis, un petit groupe de femme assises juste à ma droite se mettent à chanter a capella, un véritable chant gospel en anglais... "oh Lord !". Leur chant est doux, apaisant et contraste avec la litanie de Djalu qui nous parvient comme un murmure lointain. Ce chant mélodieux des femmes, dignes des plus belles chorales d'églises afro-américaines, apparait comme un décorum suave et idéal pour soutenir cette incantation Yulngu rauque et traditionnelle, alors que le lien entre les deux n'est clairement pas évident.
Sensation mystique étrange de ce savant mélange spirituel que, sur le moment, je ne sais ranger dans aucune case. Harmonie des croyances, sensation d'un moment parfait...exemple à suivre d'harmonie des cultures & croyances.
Le lendemain matin, toujours sous l'effet de cette soirée, j'ouvre le sujet avec Dhanggal, la sœur de Djalu, pour tenter de comprendre ce fameux sucré-salé culturel. Dhanggal me répond alors très simplement du tac au tac : "Tu sais, Dieu est Dieu. Que nous l'appelions Dieu le père ou Rainbow Serpent... qu'elle importance ? C'est une question de vocabulaire".
Ici, il semblerait que l'arrivée des missionnaires ne se soit pas faite sous l'angle de la confrontation, ni par l'imposition d'un dogme nouveau. Le peuple Yulngu semble avoir intégré certains aspects du Christianisme sans heurts, ce qui n'est bien entendu pas le cas dans les autres régions du pays.
Cette soirée reste gravé dans ma mémoire comme un moment harmonieux et inattendu, à la fois audacieux et d'une simplicité déconcertante.
Bienvenue au Temps des Rêves !
Jérôme THOMAS - Galerie GONDWANA